Edition 2023

Votes ...




Dès qu'approche une élection surgissent des consignes redondantes qui tendent a inciter tous les électeurs à voter, à accomplir ce qu'il est de bon ton de nommer un devoir civique, à participer à ces scrutins démocratiques qui sont décrits comme un privilège que bien des pays nous envient, à ne pas laisser la place aux extrémismes de toutes natures, à participer aux enjeux républicains qui déterminent le futur et surtout à ne pas s'abstenir de voter pour respecter un des droits citoyen fondamental pour lesquels nos aînés se sont si chèrement battus.

Lorsque l'on restitue dans l'actualité ces arguments en faveur du vote il est par contre aisé de constater que leur teneur est pour le moins très tendancieuse.

Parce que ce devoir n'a jamais été voulu comme une obligation par ceux qui l'ont instauré dans le cas ou aucune proposition ne conviendrait à l'électeur, que la démocratie actuelle est devenue antinomique d'avec les idées qui imaginèrent que sa création soit profitable aux peuples, que sont jugés comme extrêmes tous les mouvements qui ne sont pas dans la norme des grandes formations politiques, que la république est devenue une domestique au service des intérêts privés et pour terminer que jamais les combattants d'hier ne n'auraient accepté qu'une citoyenneté puisse devenir aussi différente de celle qui a justifié leurs sacrifices.

 
En définitive il semblerait que l'on veuille nous faire voter de toute manière, sans qu'il soit important qu'un candidat mérite nos suffrages, même si c'est une oligarchie minuscule à qui profite exclusivement nos choix par ailleurs conditionnés a un  nombre très réduit pour que s'opèrent des alternances confortables afin que rien ne change véritablement.

Une manœuvre ayant pour but d'obéir à des groupes d'influences qui se moquent du bien être social des populations puisqu'ils ne sont motivés que leurs gigantesques profits individuels.

Rien dans ces éléments ne ressemble aux idéaux de ceux qui ont promulgués la démocratie originelle puisqu'en définitive actuellement les élus osent légiférer contre les intérêts publics en argumentant de leur légitimité  électorale qui, a les entendre, leur donne tous les droits au nom d'une majorité souveraine souvent acquise par des méthodes de propagandes concoctées dans les arcanes des médias dominants qu'ils dirigent pour lobotomiser puis diriger les électeurs par l'utilisation des mensonges ou des dissimulations flagrantes.



Il fut un temps pendant lequel certaines réflexions libertaires concluaient que voter c'était se soumettre, ce n'est plus le cas,  actuellement voter équivaut à être complice d'une forfaiture organisée par une caste de dominants qui ne se soucie que de leurs seuls intérêts, c'est laisser se commettre impunément la déconstruction de tous les acquis sociaux qui ont été à l'origine des véritables progrès humains.

C'est donner raison à la dictature du libéralisme qui peut sans aucun contrôle finaliser ainsi ses ambitions hégémoniques.

Que se passerait il si lors d'une élection un candidat était élu avec une fraction très minimale de voix, comme l'autorisent les constitutions qui ne prévoient aucun quorum, que diraient les opinions publiques si un dirigeant s'imposait sans aucune majorité, la réponse est évidente, le peuple refuserait obstinément de se plier aux volontés de cet illégitimité bien davantage que lorsqu'on parvient à lui faire croire qu'elles sont l'expression du plus grand nombre.



Les démocrates devraient sans ambiguïté refuser de se déplacer pour voter, ils devraient faire une grève illimitée de ce droit qui n'est plus en fait qu'un devoir d'obéissance de collaborateur aveugle, ils devraient mettre en quarantaine par le mépris ceux qui sont devenus de simples malades d'un pouvoir déshumanisé et qui ne raisonnent plus que pour tenter d'assouvir leurs addictions malsaines.

La démocratie doit sanctionner ceux qui ne respectent plus les peuples par une désobéissance civile qui refuse les règles imposées par un pouvoir félon.

Qu'ils soient favorables aux idées extrêmes sans jamais avoir exercé le pouvoir, membres des partis conventionnels de gauche, du centre ou de droite, qu'ils militent pour l'écologie ou s'affirment comme des syndicalistes engagés tous les intervenants du système en place n'ont cessé de trahir ceux dont ils réclamaient les voix en ne respectant aucun des engagements qu'ils avaient pourtant promis de faire devenir réalités, le plus souvent grâce à un discours populiste prononcé sans aucune vergogne afin d'atteindre leurs cibles électorales.



Jamais les promesses n'ont été tenues mais malgré ce fait reconnu de tous, force est de constater que les citoyens continuent d'accorder leur confiance aux élus dont ils savent pourtant la malhonnêteté chronique, cette aberration idéologique fonctionne parfaitement car la certitude que le message de propagande que les mêmes leur distille et qui consiste à les culpabiliser si ils ne votent pas est absolument valide, au nom de l'éternelle et sacro-sainte démocratie dont aucun votant ne sait plus véritablement le sens ou la réalité.

De même que les alouettes se font piéger avec de simples miroirs disposés habilement par les chasseurs, les personnalités de la sphère politicienne piègent leurs électeurs avec des contes incroyables qu'ils ressassent sur les ondes de tous les médias serviles dont ils disposent.

Cette technique de leurres ou d'appâts, qui fonctionne aussi bien dans les deux chasses laisse craindre qu'à un instant précis des aveuglements programmés les masses humaines n'aient pas plus de capacité d'analyse que des volatiles.



Le votant globalement conditionné par une mécanique populiste parfaitement rodée, dont il faut reconnaître la redoutable efficacité, devient aussi docile qu'un mouton qui se laisse conduire a l'abattoir sans s'inquiéter  jamais du chemin que le berger lui impose avec l'aide de ses chiens fidèles, ce qui pourrait signifier que les peuples soient devenus un simple bétail pour une petite caste d'éleveurs qui gèrent un nombre de têtes tout en s'appliquant à les vider de toutes les formes de cultures logiques qui pourraient inciter les bêtes à refuser de marcher en rang sans jamais s'en plaindre véritablement.

Dans ces conditions évidentes pour qui peut les regarder loin de toute passion militante il n'y a que deux voies, la première qui semble pour l'actualité être celle suivie par une majorité qui s'exprime, consiste a voter sans ambition pour finalement s'accommoder d'une déliquescence perceptible en échange d'un pathétique confort minimal qu'il sera hors de question de risquer, quitte a ce qu'il soit sans cesse réduit ultérieurement.

La seconde se résume à refuser obstinément ce jeu de dupe en se substituant volontairement aux obligations électorales, tant que l'équilibre entre les plus favorisés et les moins privilégiés ne sera pas fondamentalement réformé.



De ces deux méthodes radicalement différentes et qui de surcroît s'opposent, celle qui imagine que le changement viendra de professionnels de la politique artificiellement plébiscités est clairement inscrite dans une démarche d'espoirs chimériques puisque justement ils sont confiés à ceux qui ont toujours été la cause indubitable de leurs inquiétudes.

L'autre méthode qui prône l'abstention révolutionnaire comme une solution et qui ne propose pas de rêves insensés à des électeurs si avides de distractions adaptées est potentiellement la seule qui pourrait faire en sorte que les suffrages ne soient plus attirés par des illusions sans effets.

Il est très probable que si une écrasante majorité de voix s'abstenaient de se livrer aux urnes des prédateurs politiques il serait enfin possible de remplacer pacifiquement tous les élus indignes d'un système globalement perverti afin que les mesures espérées et demandées par le peuple depuis toujours sans jamais les avoir obtenues améliore globalement et finalement le quotidien du plus grand nombre.